Carina Salvado – Le fado et la grâce

Désolée, mais je vais parler de moi ! Puisque l’expérience de la grâce en musique ne peut être que  personnelle, je me transforme en gonzo-bloggeuse le temps d’un post.

Je ne connaissais pas le fado avant de découvrir Carina Salvado. Je suis plus guitares, rock’n’roll, les trucs qui se branchent sur des amplis, et font le désespoir des riverains en lutte contre les nuisances sonores. Mais comme je ne suis pas sectaire – enfin bon, un minimum, comme tout amateur de musique qui se respecte – j’aime bien m’ouvrir les oreilles sur le reste du monde, et sauf incident, ça leur fait le plus grand bien.

C’est un peu par hasard que j’ai vu Carina Salvado en concert un soir de 2008 au jardin des Chartreux, lors des Jeudis des Musiques du Monde, accompagnée par ses deux (excellents) musiciens : Joan Eche Puig à la contrebasse et Stéphane Cézard à la mandoline. A  eux trois, ils créaient un fado moderne et brut,  s’appuyant sur  des airs traditionnels, mais n’ayant pas peur de s’aventurer du côté du rock , en reprenant du King Crimson, ou d’autres traditions, avec des adaptations de mélodies klezmer ou asiatiques. C’étaient les débuts du jeune trio, on sentait le trac devant la foule, considérable ce soir là, un peu de retenue encore, mais déjà une voix et une présence forte et singulière.

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Et puis quelques temps plus tard, dans la cave lyonnaise de La Clef de Voûte, j’ai retenté l’expérience. Les conditions plus intimistes, la maturation du groupe et de la chanteuse, ont transformé ce concert en un des ces moments de grâce que l’on traque tous dans nos pérégrinations musicales. Carina Salvado a une qualité précieuse : elle est vraiment là, en face de vous, elle habite entièrement son chant. Une présence rare qui fait la différence entre les interprètes que l’on oublie vite, et ceux qui vous marquent pour longtemps. Depuis, régulièrement, je fais des infidélités aux rockers tatoués. Je m’assois dans des salles obscures et j’écoute Carina.