Tôle Froide : la pop, les amies, le patriarcat et Gégé

On avait déjà beaucoup apprécié la première K7 du groupe il y a deux ans. Des chansons fraîches et espiègles, finalement assez peu engagées quand on les confrontait à la pochette de l’album, où les trois loustiques de Tôle froide posaient devant une voiture de police en feu.

De l’espièglerie, il en subsiste dans ce nouvel album. Dans son titre : « La Redoute ». Dans ses chansons proches de l’OuMuPo (c’est comme ça qu’on dit ?) avec les bien nommées « Papepipou I », « Papepipou II » ou l’énumération d’expressions fleuries de « Les chutes du Niagara« . Mais l’album se démarque du premier par une colère froide qui imbibe la plupart des chansons. 2017 n’était pas spécialement plus joyeuse que 2020, mais ce qui était en filigrane dans « K7 » n’est désormais plus esquivable dans « La Redoute » : Tôle froide aimerait bien faire sa fête au patriarcat, au harcèlement sexiste, aux tripotages non sollicités. Les femmes de Tôle froide n’ont toujours pas envie de s’excuser d’être des femmes, et elles le font savoir.

Et les chansons dans tout ça ? Celleux qui pleurent depuis la disparition d’Alligator retrouveront dès l’ouverture « Autodétruisez-vous » ce combo basse / batterie grunge et groovy, grungeoovy ou groovunge en somme. La touche Tôle froide, c’est de surprendre ça et là avec de belles harmonies vocales popissimes (« Les chutes du Niagara », encore), où d’émouvoir tout en faisant dodeliner de la tête (« L’aube aux doigts roses »). Et d’écrire la plus belle chanson ayant pour thème Gérard Collomb. Désormais Tôle froide est plus que respectée : elle est redoutée.


Tôle Froide : « La redoute », 2020 • chez AB Records
En cassette sur Bandcamp