Les Marquises : la tête comme un éboulis

Pour fêter ses 10 ans, quoi de mieux que de publier un nouvel album ? Afin de cimenter 10 années de création, Les Marquises nous offrent donc La Battue, et prolongent une belle aventure musicale sous le signe de l’expérimentation.

Quelques points de rappel au sujet de la formation lyonnaise, régulièrement encensée dans nos pages. C’est sur les cendres du combo post-rock Immune que Jean-Sébastien Nouveau fonde cette nouvelle entité en 2010, avec l’envie d’explorer des territoires inconnus. Le choix même du nom – Les Marquises est un archipel de la Polynésie française, le plus éloigné de tout continent – en dévoile quelques intentions. Le multi-instrumentiste va convier différents musiciens à son nouveau projet : les fidèles Jonathan Grandcollot, Julien Nouveau, et Martin Duru ; puis d’autres artistes tels le chanteur américain Jordan Geiger, Matt Elliott, Christian Quermalet, ou encore Olivier Mellano.

Si l’on intègre Le Tigre de Tasmanie en 2018 (bande originale d’un court-métrage d’animation), La Battue est donc le 5è disque du collectif, qui s’est resserré autour de Jean-Sébastien Nouveau et Martin Duru. On y retrouve des éléments connus, ces percussions obsédantes, ces claviers fragiles, ce sens du dépouillement. Le chant en anglais, assumé entièrement par Jean-Sébastien Nouveau, est toujours aussi vaporeux, mystérieux. La musique électronique occupe une place centrale, dès l’introductif Bare Land jusqu’aux kicks techno de Head as a Scree. Une colonne vertébrale de guitares répétitives innerve chaque étape (The Trap, Shape the Wheel). L’écho des voix et les percées électroniques renvoient à une matière proche du rêve, le morceau titre évoquant l’univers de David Lynch, voire du chanteur Christophe. On pense aussi à Nick Cave (White Cliff) ou à New Order (Hosts are missing), mais toujours avec ce filtre onirique, cinématographique.

La Battue impressionne par son équilibre sonore et la qualité de sa production. Entre électro, post-rock, krautrock et ambient, ce nouvel album navigue vers des eaux un peu moins expérimentales, sans doute plus accessibles. Le groupe tisse une nouvelle toile d’où émergent des mélodies plus directes, un travail sur la répétition et un sens de l’espace captivants. Les Marquises demeure toujours une des formations les plus passionnantes de la scène lyonnaise.


Les Marquises : « La Battue », 2020 – Les Disques Normal
En CD et vinyle sur Bandcamp