Kurtz Mindfields ou la science de la fiction musicale

_« Dis papa c’est quoi la musique retro-futuriste ?

_ C’est des musiciens du passé qui imaginent la musique du futur ou des musiciens du futur qui imaginent celle du passé. »

Cette définition donnée pour un cycle d’émissions sur le retro-futurisme diffusée sur Arte, colle tout à fait au projet musical du mystérieux Kurtz Mindfields. Sorti cette année le monumental “Journey through the analog adventure : 45 years of electronic exploration” se pose comme une encyclopédie sonore des claviers analogiques.

Dans ce double album Kurtz Mindfields parcourt toute la richesse musicale de ces premiers claviers en rendant un vibrant hommage à la Kosmische Musik. Des expérimentations psychés d’Amon Duul aux nappes synthétiques de Tangerine Dream, du rock progressif à l’œuvre intégrale de Klaus Schulze en passant même par des envolées moroderiennes : Toute la diversité de la musique allemande des années 1970 est ici réinventée à l’aide d’une multitude de synthétiseurs d’époque. Quelles soient planantes, cosmiques ou inquiétantes, les ambiances créées par Kurtz Mindfields nous transportent émotionnellement vers un ailleurs musical et visuel où la profondeur sonore est époustouflante. L’architecture et le design du projet rendent aussi compte d’une époque faste pour la création : double album (redivisé en 4 faces virtuelles), pochette gatefold et progression des titres, nous ramènent 40 ans en arrière, au moment où le « concept album » avait un sens. Racontant une histoire entre Hyperion et Yggdrasill les 27 morceaux de l’opus nous plongent en pleine science fiction musicale.
Le titre de l’album rend lui hommage au concept album « Journey through the secret life of plants » (1979) de Stevie Wonder, album complétement à la marge de la discographie de l’artiste puisque essentiellement instrumental et électronique.

A l’intérieur de la pochette sont énumérées les quelques cinquante machines vintage utilisées par Kurtz Mindfields pour produire ce double album. Pour se rendre compte de la folie de l’œuvre, une photo vaut mieux que de longs discours.

 

Un instrumentarium à faire pâlir d’envie tout fan de synthés qui se respecte avec des déclinaisons de modèles des marques les plus respectables : Moog, ARP, Korg ou encore Roland.

Et là certains se disent : « mais qu’est ce qu’il fait Benoit, il s’est trompé de blog… c’est pas keyboards magazine ici ». Et ben non c’est bien de scène locale qu’il s’agit et l’opus a été enregistré dans l’un des studios des plus modernes et des plus courus de la ville, à savoir Nuage 7 dans le Vieux Lyon (moderne / Vieux = retro futuriste, faut suivre). Le pilote de ce projet musical et du studio futriste qui l’a conçu n’est autre que Jean-Luc Briançon, clavier-leader d’ Abigoba qu’on ne présente plus ici.

Par contre, on ne connaissait pas cette passion débordante de J.L. Briançon pour ces machines obscures et on découvre un musicien amoureux, devenu spécialiste du genre à force d’expérimentations et de bidouillages et certainement l’un des collectionneurs les plus importants de la région.

 

D’après un extra-terrestre mélomane, ces collectionneurs parleraient entre eux en ces termes :

« Cleanage de l’ ARP pro-soloist … pas réussi à réactiver l’ aftertouch »

 

Et pour les néophytes comme moi,  cela donne une dimension encore plus mystérieuse à cette musique, mal comprise mais tellement JOUISSIVE.

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