KCIDY – « Lost in Space » : Courir sur les toi

Il s’est fait attendre, le bougre, un peu à la manière du nouveau François Virot, mais ça y est, Pauline, tête pensante du projet KCIDY, a fini par venir à bout de ce premier album !

Exit la production MAO clinique de son premier EP Pursuit : l’aventure Satellite Jockey (dont Pauline est membre depuis leur 3ème album Falling) est passée par là et ça s’entend, ne serait-ce que par la basse omniprésente dont les riffs sentent fort le cheval du cosmos, si vous me passez l’expression. Ceux qui avaient été séduits par le son de Pursuit, à l’époque plus proche de celui de Pethrol ou de Holy Two (en mieux), vont devoir prendre un peu plus de temps pour apprivoiser Lost in Space, mais le jeu en vaut la chandelle. KCIDY y prend beaucoup de risques, s’aventure sur pas mal de terres inconnues (de planètes inconnues en fait même, d’où le titre, prends ça Frédéric Lopez !) et l’album part littéralement dans tous les sens tout en parvenant à rester cohérent de bout en bout. Prenez un morceau comme « Lullaby » :  une intro psyché pop en trois temps, un couplet qui l’apprivoise à l’aise avant de basculer vers un break rock et un refrain en 4/4 tous synthés dehors qui ressemble à ce que les fans de La Femme semblent me décrire quand ils parlent de ce que leur procure leur groupe préféré, mais que je n’arrive jamais à ressentir. Cependant, l’album ne s’interdit pas des moments plus épurés comme le déchirant « Triste tendresse », le bien nommé « Interlude » ou encore le très très beau « Lost in Space », en clip ci-dessous.

L’autre grosse nouveauté par rapport à Pursuit, c’est le chant en français sur près de la moitié des chansons. Il faut croire que la passion de Pauline pour Véronique Sanson (qu’elle nous avait révélée en exclusivité mondiale) n’était pas qu’une passade – d’ailleurs une reprise de « Besoin de personne » ponctue régulièrement ses dernières prestations live. Et me croirez-vous si je vous dis, moi l’allergique au français chanté, que ces chansons sont les meilleures de Perdu•e dans l’Espace ? Les paroles de Pauline y sont plus directes que jamais, nous faisant vivre les histoires d’amour de « Tu es venu » et « Nuit d’été » et les crises de mélancolie de « Triste tendresse » et « Récent mirage » à la première personne, comme si ces épisodes de sa vie, rêvés ou pas, faisaient partie de la nôtre.

OUI, C’EST MON ALBUM PRÉFÉRÉ DE 2017.


KCIDY : « Lost in Space », 2017 – coproduction AB Records & Ligature Records
en vinyle sur Bigcartelen digital sur Bandcamp