Bukowski persiste et ne signe pas

Indépendance oblige !

A ce rythme, les billets de votre serviteur seront bientôt exclusivement consacrés au rappeur lyonnais! Lucio Bukowski est déjà de retour sans nous avoir laisser le temps de respirer après l’excellent ep La Noblesse de l’échec sorti en mai de l’an de grâce 2013. En novembre, c’est De la survie des fauves en terre moderne qui vient s’ajouter à la liste longue comme le bras des projets du MC. En coopération avec le beatmaker Tcheep, Bukowski vient prouver à ceux qui en doutaient qu’il est actuellement au meilleur de sa forme.

 

Toujours aussi farouchement attaché à son indépendance et à une éthique personnelle sans faille, Lucio Bukowski se promène au long de ses 8 titres (6 en réalité avec 2 instrus) au milieu de ses thèmes favoris. La ville, l’errance, la solitude, les copains de l’Animalerie, l’art, la littérature et le rap bien sûr, le tout sous forme de vitupération contre le climat ambiant exécrable qu’il soit politique, social ou météorologique. Bukowski jauge ses contemporains, il juge, condamne et exécute lui-même les sentences à coups de punchlines bien senties. Petite sélection :

« Y’a ceux qui jactent du mic’ et puis ceux qui le prennent
Les puristes sont old school comme le disco et Jean-Marie Le Pen »
Impopulaire

« T’as rien compris au film comme un blanc avec des putains d’locks
Prêt à vendre ton âme aux chiens comme un putain d’tox »
De la survie des fauves en terre moderne

« Vos dialogues dans l’métro n’ont pas d’sens comme un opéra rock
La République a un jeu d’merde #Michèle Laroque »
Obsolescence programmée

Désolé pour elle, mais c’est trop bon !
Pourtant, derrière l’impitoyable chroniqueur, il y a l’homme. Le fauve en terre moderne, on l’aura compris, en prise direct avec un monde qu’il accepte tant bien que mal mais qui recèle néanmoins quelques belles surprises : la carte de bibliothèque moins chère que le paquet de clopes (hé hé tu m’étonnes!) ou encore la liqueur qui n’est pas tant un alcool qu’ « un poème, une femme, Dieu et l’éternel printemps ». C’est moins de l’egotrip qu’une biographie rappée (quoi c’est la même chose?), l’artiste se sent d’ailleurs plus proche de la poésie que du game. Extrait pour les sceptiques : « Débridé, comme Henri Michaux sous mescaline ». La comparaison lui va comme un gant.

Il faut dire un mot aussi du très bon travail de Tcheep derrière les machines. Ces deux-là étaient faits pour s’entendre, tant l’univers du rappeur s’adapte à merveille aux productions de l’autre, tantôt jazzy, tantôt old-school, tantôt électro. Tcheep offre même ce qui pourrait être un tube à Bukowski si ce dernier ne s’évertuait pas à faire des pieds de nez à la fortune en appelant le titre, avec la malignité qui lui est propre, Impopulaire. C’est parti pour une petite ballade en ville :

Notons que Lucio Bukowski a la bonne manie de soigner ses clips. C’est encore le cas sur Obsolescence programmée, sombre et délicat, tout Bukowski quoi :

Pour se procurer cette petite pépite noire, munissez-vous de 5 petits euros (minimum) et rendez-vous sur le bandcamp de l’artiste. Quelque chose me dit qu’on est loin d’en avoir fini avec lui !