An’Pagay, le maloya en fusion

Entre maloya réunionnais et currulao afro-colombien, le collectif An’Pagay nous transporte dans une intense fusion électrique avec un flamboyant premier album.

An’Pagay est l’histoire d’une rencontre. A la faveur d’un enregistrement organisé par le label Bongoe Joe, deux formations lyonnaises se sont réunies pour façonner une créature hybride. An’Pagay scelle ainsi la fusion entre le maloya de Ti’Kaniki et le « colombian crunch » de Pixvae.

Intitulé Somin tegor (nom d’une rue de Saint-Benoît à la Réunion), ce premier album rassemble des musiciens de différentes origines mais soudés par une même soif d’expérimentation. A la direction artistique de ce projet figurent Luc Moindranzé Karioudja, chanteur et leader de Ti’Kaniki, et Romain Dugelay, saxophoniste chez Pixvae. Aux mélodies mouvantes du premier cité répondent les voix enchanteresses de deux magiciennes, Margaux Delatour et Cindy Pooch. Une section rythmique anguleuse tricote ses polyrythmies (une basse et deux batteries !), tandis que brûlent le saxophone et le clavier Romain Dugelay.

Si le maloya, ce blues ternaire hérité des esclaves réunionnais, est au cœur de ce projet, on y entend surtout une relecture modernisée, électrique et électronique. Sur des textes inspirés du vécu du chanteur, les musiciens n’hésitent pas à fricoter avec le rock, le jazz, l’afrobeat, et le currulao colombien. Les sept titres de ce premier album nous transportent alors dans une intense fusion électrique, débordante d’énergie et unique en son genre.

Enregistré aux studios La Ciergerie à Villeurbanne, ce disque a été produit par la Compagnie 4000. Il prend la forme d’un livre-disque richement illustré. Un beau projet local pour un ailleurs musical exaltant.

An’Pagay : « Somin Tegor » – La Compagnie 4000, 2022

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